France-Amérique propose à ses lecteurs de poser des questions aux candidat-e-s à l’élection législative de juin 2012. Voici la deuxième, une question sur le Québec, avec la réponse de Corinne.
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Question d’Anthony :
Comment les candidats perçoivent-ils la différence entre les Français installés au Québec et les autres Français de leur circonscription ? Et comment pensent-ils pouvoir comprendre leur réalité bien particulière au sein de la circonscription ?
Réponse de Corinne Narassiguin :
Bonjour Anthony, et merci pour votre question.
J’ai pu mesurer et comprendre l’ampleur des spécificités des Français installés au Québec grâce aux nombreuses rencontres que j’ai pu y faire lors de mes déplacements et grâce à mon travail avec Cyrille Giraud, mon suppléant, qui est binational franco-canadien et habite Montréal.
Ma perception de la différence entre les Français installés au Québec et ceux installés ailleurs au Canada ou aux Etats-Unis relève d’abord d’une évidence : les premiers sont les seuls, à quelques exceptions près, à pouvoir vivre et travailler 100% en français. Cette réalité francophone, la qualité de vie au Québec et les efforts institutionnels pour faciliter la mobilité France-Québec attirent de nombreux compatriotes.
Dans plusieurs domaines, les Français profitent ainsi de la relation historique, directe et privilégiée, entre le Québec et la France : frais de scolarité préférentiels pour les étudiants français, identiques à ceux des Québécois, subventions publiques québécoises aux écoles françaises, accords de sécurité sociale (assurance maladie, retraite), entente de reconnaissance mutuelle des qualifications professionnelles facilitant l’exercice, à ce jour, de plus de 80 professions, fonctions ou métiers réglementés, etc. Ce dernier accord, et plusieurs autres, n’ont pas d’équivalent ailleurs en Amérique du Nord et je m’engage, si je suis élue, à continuer à les améliorer et à m’en inspirer pour améliorer les conditions de mobilité transatlantique.
Comme le reste de la population québécoise, les Français installés au Québec ont automatiquement accès, en français, à tous les services publics (garderie, école, soins de santé, etc.) et à une offre culturelle québécoise, française et francophone, très riche. Ils ne partagent donc pas les préoccupations que nos concitoyens installés aux Etats-Unis et dans certaines parties du reste du Canada ont à ces sujets.
Néanmoins, il serait faux de penser que dans l’univers francophone du Québec, l’intégration sociale et professionnelle de nos compatriotes y est plus facile. La langue commune peut au contraire cacher des différences bien réelles de culture entre Français et Québécois. Comme pour nos compatriotes du reste du Canada et des Etats-Unis, réussir à décoder ces différences est une des clés d’une immigration réussie.
Une autre est l’intégration professionnelle. Les jeunes Français surtout, affluent de plus en plus vers le Québec car certaines facilités administratives pour y immigrer sont indéniables. Mais le flot de candidats crée aussi un effet pervers : emplois précaires, ne correspondant pas à la formation initiale, délais de traitement de dossier de visas alternatifs et de la résidence permanente considérablement prolongés, regroupement familial long et fastidieux, avec la spécificité du regroupement familial inversé (parents rejoignant leurs enfants)…
Conscients de ces difficultés, Cyrille et moi proposons de renforcer les dispositifs d’aide à la recherche d’emploi tels CITIM et l’OFII, et souhaitons les encourager à coopérer avec les associations françaises au Québec dont la mission est d’aider à une intégration réussie à la société québécoise. Nous oeuvrerons aussi au maintien des services consulaires d’orientation et d’aide sociale, qui ont largement démontré leur pertinence, autant au Consulat de Montréal qu’à celui de Québec. Enfin, je m’engage à suivre de près la mise en oeuvre des accords signés entre la France et le Québec ou le Canada, afin de travailler avec le ministère des Affaires étrangères français à proposer les améliorations qui répondront aux besoins de nos compatriotes sur le terrain.
Vous voyez Anthony, je suis bien consciente que les Français du Québec connaissent bien, eux aussi, les épreuves – et les joies! qui jalonnent le parcours des Français qui habitent en Amérique du Nord. C’est dans l’esprit de représenter ce destin partagé, en même temps que ses spécificités, au premier lieu desquelles je place le contexte québécois, que je souhaite exercer le mandat de députée des Français de toute l’Amérique du Nord.