La Nouvelle Orléans et Baton Rouge

Let the good times roll

Le 10 mai, j’ai retrouvé la sénatrice Claudine Lepage à la Nouvelle Orléans.

Nous nous sommes rendues à Audubon Charter School, école publique ayant des classes homologuées jusqu’au CM2, les classes de collèges étant bilingues mais non homologuées. Cette école, comme beaucoup d’écoles publiques d’immersion en français en Louisiane, recrute les enseignants français essentiellement par le Codofil, ce partenariat essentiel entre la France et la Louisiane pour assurer un large enseignement du Français dans cet État. Beaucoup d’enseignants choisissent ensuite de rester plus longtemps. Cette école offre aussi des classes de petite et moyenne sections de maternelle, payantes car les écoles à charte n’ont pas de financement pour les enfants en dessous de 5 ans. Les parents d’enfants français peuvent demander des bourses pour ces classes. Une bonne manière de pallier au manque de solutions pour l’éducation de la petite enfance aux États-Unis, tout en participant à la diffusion des méthodes pédagogiques françaises pour la petite enfance.

Nous avons ensuite eu l’opportunité d’échanger longuement avec le directeur du Lycée Français de New Orleans, créé très récemment, également sur le modèle d’école à charte publique, ayant vocation à être homologué et à se développer jusqu’aux classes de lycée. Le succès de cet établissement a été immédiat, avec 125 élèves en maternelle dès cette première année, et 350 prévus l’année prochaine en ajoutant les classes de CP et CE1. L’ouverture de classes de 4ème et 3ème est même déjà prévue pour 2014 (sans continuité du cursus depuis le primaire pour l’instant), pour répondre à une forte demande de classes de collège homologuées dans la région. Cette école passe aussi par le Codofil pour le recrutement des enseignants, et le directeur souhaite avoir plus d’influence sur le choix des enseignants qu’il recrute par ce biais. L’élément le plus intéressant dans le succès de cette nouvelle école est que la quasi totalité des enfants sont américains. Il y a une très forte demande d’enseignement de l’Education Nationale française à la Nouvelle Orléans.

Lors de la réunion publique que nous avons tenue avec la sénatrice Claudine Lepage, les questions d’éducation française, de francophonie et francophilie louisianaise et  de potentiels de partenariats culturels avec la France, ont été au cœur de la discussion.

Le lendemain matin, nous avons été reçues au consulat général. Lors d’un entretien avec le consul général et l’attaché culturel, nous avons discuté de l’organisation des deux tours de scrutin de l’élection présidentielle dans l’Etat de la Louisiane, et de la répartition et des profiles de la population française à travers cet État.

Nous avons ensuite longuement discuté de l’évolution de la Lousiane ces dernières années, et en particulier de sa renaissance économique mais d’abord et avant tout culturelle depuis le traumatisme de Katrina. Il est particulièrement intéressant de noter que cette renaissance se construit sur le canevas d’une identité francophone nouvellement revendiquée et pleinement assumée. Une créolité qui nourrit le métissage culturel local qu’on appelle souvent le Gumbo, cette métaphore culinaire se voulant radicalement différente du Melting Pot, qui pour les Louisianais détruit les différences culturelles au lieu de les marier dans le respect de leur intégrité propre.

Avec 4 500 enfants dans des écoles d’immersion en français et 50 000 étudiant le français comme langue étrangère, la maitrise du français est vue comme  un ascenseur social pour les enfants des quartiers les plus pauvres. Il y a une forte espérance de France en Louisiane. Une France partenaire dans la défense et la promotion de la francophonie, dans une nouvelle économie culturelle qui se développe localement dans les domaines de l’éducation, du divertissement, du cinéma, du jeu vidéo.

Après ces rencontres passionnantes et stimulantes, nous avons pris la route pour Baton Rouge.

Très peu de Français y sont installés, mais la demande de culture et d’enseignement français y est très forte. Plusieurs écoles publiques proposent d’ailleurs des programmes d’immersion en Français. Mais cette fois-ci, nous visitons une école privée, l’Ecole Internationale de Baton Rouge. Proposant des services de crèche des 6 semaines, et des classes de la maternelle au lycée, en Français, Espagnol et Anglais – tous les élèves étudient dans les 3 langues, l’école s’adresse d’abord à un public américain cherchant un enseignement multiculturel, même s’il y a aussi des enfants d’expatriés. Le cours en Français s’appuient largement sur le curriculum de l’Education Nationale bien que l’école ne soit pas homologuée. En classes de lycée, les élèves préparent le High School diploma américain, l’International Baccalaureate (dit bac de Genève), et des modules AP (Advanced Placement).

La mission de cette école illustre parfaitement le fait que, si l’enseignement français à l’étranger constitue un lien fort entre notre concitoyens et la métropole, il contribue aussi au rayonnement de la France. C’était une des missions premières des établissements français à l’étranger et il serait malheureux d’y renoncer.

En début de soirée, nous avons tenu une réunion publique, au cours de laquelle nous avons discuté avec des étudiants français des programmes d’échanges universitaires, de l’accueil des étudiants étrangers en France, de l’état de la recherche et de l’enseignement supérieur en France, du besoin de politique culturelle extérieure, et du manque de moyens des services consulaires. Les attentes sont fortes. Sur tous ces sujets, on peut d’ailleurs apporter des réponses à coût global constant, à condition d’en faire des priorités politiques.C’est ce que je m’engage à faire.