Compte-rendu de visite en circonscription – Octobre 2012

Minneapolis et Chicago

A travers le hublot, le Minnesota laisse apparaître ses magnifiques couleurs d’automne, un camaïeu qui s’étale du jaune au rouge vif à travers les terres agricoles et les étendues d’eau de « l’Etat des 1000 lacs ». Un peu méconnu en France où il est souvent caricaturé comme une région rurale un peu isolée au fin fond des Etats-Unis, le Minnesota est en réalité une terre de fort dynamisme économique et scientifique, en pointe à la fois en matière de recherche et de production dans plusieurs secteurs innovants comme les énergies renouvelables et les biosciences (sciences animales, recherche agricole et sciences médicales en particulier). Beaucoup de points communs avec notre pays, donc, ce qui en fait un partenaire potentiel très intéressant pour la France, ses entreprises et ses laboratoires de recherche. Ajoutez à cela le fait que le Minnesota est une région très francophile, où vivent près de 1000 Français inscrits sur les listes consulaires (ce qui signifie qu’il y en a probablement bien plus), et vous comprendrez pourquoi je souhaitais y consacrer l’un de mes premiers déplacements aux Etats-Unis.

Rendez-vous du jeudi de la chambre de commerce franco-américaine

Arrivée jeudi en milieu d’après-midi à Minneapolis, je me dirige immédiatement vers le Rendez-vous du jeudi de la chambre de commerce franco-américaine des villes jumelles (Minneapolis-Saint Paul), une soirée consacrée justement à l’industrie des sciences de la vie et des sciences médicales pour le Minnesota et pour les échanges économiques franco-américains, avec l’intervention du Président de l’entreprise Neurotherm, Greg Cash. La réunion me permet surtout de discuter avec de nombreux entrepreneurs et acteurs économiques français installés dans les Twin Cities. Je prends bonne note des difficultés particulières auxquelles ils sont confrontés, notamment en raison de la coordination plus ou moins cohérente entre les acteurs institutionnels du commerce extérieur français. Comme je travaille précisément sur plusieurs dossiers directement liés à cette question – Banque publique d’investissement et réforme du réseau consulaire en tête- leurs remarques seront fort enrichissantes.

A l école Pierre Bottineau French Immersion

Le vendredi matin est consacré à la visite de deux écoles. Je me rends tout d’abord dans la Pierre Bottineau French Immersion, une école publique américaine située dans un quartier populaire du Nord de Minneapolis, où je suis reçue avec chaleur par la directrice, Christina Maynor, et son équipe administrative et pédagogique. Moment émouvant, les 90 élèves de maternelle et de primaire, « majoritairement Afro-Américains » comme me l’indique la directrice, qui viennent pour la plupart de commencer l’apprentissage du Français, nous ont préparé une chanson québécoise. Ce type d’école n’est pas un établissement d’enseignement français à l’étranger. Les professeurs y sont majoritairement locaux et le cursus suivi est celui de toutes les écoles publiques américaines. Mais je considère que c’est une chance incroyable que des écoles publiques d’autres pays puissent ainsi participer à la diffusion de notre langue et de notre culture auprès d’enfants qui n’auraient de toute façon pas eu accès aux écoles du réseau français pour des raisons économiques mais aussi parce que, vivant aux Etats-Unis et n’ayant pas de lien organique avec la France, ils souhaitent suivre tout naturellement le cursus américain.

Avec Véronique Liebmann, Directrice de la French Academy of Minnesota et son adjointe Isabelle Marentic

Je me dirige ensuite vers une école du réseau de l’enseignement français à l’étranger, la French Academy of Minnesotaoù nous attend sa directrice Véronique Liebmann, qui créa en 1998 à partir de rien et à la force du poignet cette école qui est la seule école homologuée par l’Education nationale française du Minnesota. C’est elle, encore aujourd’hui, qui en assure avec ses équipes le dynamisme et la promotion. L’école a désormais atteint une taille importante, avec cinq classes allant de la petite section de maternelle au CM2. Nous avons le temps de discuter longuement de la réforme prochaine de l’enseignement français à l’étranger.

Après un déjeuner fort intéressant avec le Consul honoraire de la ville Alain Frécon, pendant lequel nous abordons notamment la question de la réforme du statut des consuls honoraires, direction l’Alliance française pour une permanence où quelques Français me font part de leurs difficultés mais aussi de leurs activités et de leurs projets, que j’essaierai de soutenir au mieux. J’ai également l’occasion de m’entretenir avec la directrice, Christina Bouzouina, ainsi qu’avec Jérôme Houizot, vice-président du Conseil d’administration de l’Alliance. Je constate avec plaisir que les activités de l’association se multiplient, et qu’un débat sur l’héritage français dans le Minnesota y est programmé pour bientôt, avec notamment la réalisatrice Christine Loÿs, que j’ai rencontrée jeudi soir à la chambre de commerce et qui prépare un documentaire très complet sur la question. Sur le trajet vers l’aéroport, je passe par le centre-ville et constate qu’effectivement, les trois rues principales de Minneapolis portent le nom des explorateurs français, premiers Européens à pénétrer dans le Minnesota.

Permanence à l Alliance Française de Chicago

Samedi matin : je suis arrivée hier soir tard à Chicago et je consacre ma journée du samedi à une permanence et une réunion publique, qui ont toutes les deux lieu à l’Alliance française où, en l’absence du Président McCord qui est en déplacement, je suis reçue chaleureusement par le directeur des cours, Gaël Crépieux. La permanence dure plus de trois heures, car les Français de Chicago ont beaucoup de questions, légitimes, beaucoup de projets, et malheureusement parfois aussi des difficultés. Les discussions sont en tous cas très stimulantes, tout comme lors de la réunion publique de l’après-midi.

Le dimanche est consacré au travail parlementaire avec ma collaboratrice, puisque je n’ai pas eu le temps d’y consacrer une minute depuis jeudi matin. Je participe tout de même à l’Assemblée générale de l’association Français du Monde, section de Chicago, organisée par sa dynamique présidente Sylvette Nicolini et en présence du Conseiller AFE du Midwest, Marc Billon, qui m’a d’ailleurs accompagnée lors d’une bonne partie de ce déplacement.

Il est presque temps pour moi de rentrer à Paris pour le vote sur le traité européen, mais pas avant d’avoir rencontré, lundi matin, les équipes du Lycée français de Chicago, d’une part, du Consulat général d’autre part. Au Lycée français, je participe à la présentation de l’artiste en résidence qui arrive aujourd’hui-même, Donald Fels, qui présente son projet devant toute l’école réunie toute entière dans l’auditorium, depuis la petite section de maternelle jusqu’à la Terminale, ce qui aux dires d’Alain Weber, le directeur de l’établissement qui nous accueille, est une première. Je consacre ensuite plus d’une heure à des entretiens avec M.Weber et sa directrice du secondaire, Ghislaine Weber, ainsi qu’avec des professeurs qui ont souhaité me rencontrer.

Ma visite à Chicago se termine par une réunion au Consulat Général de France avec le Consul Général Graham Paul qui a convié ses chefs de service (service consulaire, mission économique, service scientifique, service culturel et service de presse) ainsi que les responsables d’Ubifrance et d’Invest in France. La discussion tourne autour de la réforme du réseau consulaire mais aussi des opportunités économiques existantes dans le Midwest et des possibilités pour faciliter l’implantation d’entreprises françaises dans les 13 Etats de la circonscription et inversement d’entreprises américaines en France. Le fort potentiel de coopérations universitaires est également abordé

C’est donc la tête pleine d’idées et de projets que je repars vers Paris, où j’arriverai demain matin 8h, juste à temps pour participer à la réunion du groupe socialiste et républicain le matin, au vote sur le TSCG et les emplois d’avenir l’après-midi. Ce déplacement m’a permis à la fois de rencontrer les Français du Midwest et de lister leurs besoins et leurs difficultés, mais il m’a également offert la possibilité de discuter avec les acteurs économiques français locaux, qui me permettront de travailler plus justement sur les questions économiques, même si je regrette que la chambre de commerce franco-américaine de Chicago n’ait pas souhaité me rencontrer, malgré mes demandes répétées.

Je suis convaincue que c’est de l’intérêt de la France de lier des relations plus fortes et plus variées avec cette région, relations qui seront au service à la fois de son influence économique et culturelle dans le monde et des Français implantés sur place.