Tribune publiée dans Le Huffington Post
2014, année Jaurès : nul besoin de rappeler que l’humanisme est le fondement de l’idéologie socialiste. Que devient alors cette idéologie quand elle est confrontée à une nouvelle question : qu’est-ce que l’humain ?
Les avancées scientifiques et technologiques actuelles sont en train de concrétiser les rêves des transhumanistes. Biotechnologies, nanotechnologies, manipulations génétiques sont développées aujourd’hui pour réparer l’être humain. Demain ce sera pour augmenter ses capacités naturelles (c’est certainement déjà en cours dans la recherche militaire). La transformation de la condition humaine est en marche.
Si on ajoute à cela le développement des intelligences artificielles conçues sur le modèle du cerveau humain à mesure que la technologie et les neurosciences évoluent, le posthumanisme ne peut plus être considéré comme un simple artifice de science-fiction ou un exercice philosophique abstrait.
La pensée socialiste doit évoluer pour être capable de faire face à ces nouvelles questions. Les socialistes doivent réfléchir et débattre de cette nouvelle étape de l’évolution humaine pour redéfinir ce qu’est l’humanisme au 21ème siècle.
Ne nous leurrons pas, si une avancée technologique est possible, quelqu’un la mettra en œuvre, que nos sociétés y soient prêtes ou pas. Mais avec l’argent de qui et au profit de qui ? La recherche se fera avec quels cobayes ? Le développement technologique donnera lieu à quelles applications sur quelle échelle de distribution ?
Quand on constate notre incapacité à organiser un débat intelligible et apaisé sur la GPA, pratique issue d’une technologie médicale vieille de plusieurs décennies, on peut s’inquiéter de notre capacité à préparer la société française aux débats éthiques nécessaires sur ces nouvelles technologies de l’humain.
Quand on voit que 20 ans après le début de la révolution numérique, on travaille toujours à réduire la fracture, à développer les politiques utilisant à plein son potentiel économique, à trouver la bonne parade juridique pour protéger la propriété intellectuelle ou la vie privée, on se dit que l’action politique ne peut plus continuer à courir après la technologie. Il est impératif d’être proactif, surtout face à de tels enjeux.
Il faut se préparer idéologiquement pour pouvoir agir aux niveaux national, européen et international. Pour organiser le débat et influer sur ses orientations, proposer les cadres juridiques pour une pratique éthique de la recherche et du développement, assurer que les objectifs poursuivis ne soient pas contraires à notre définition de l’humain, et permettre l’accès de tous aux avancées qui constituent de vrais progrès.