Dépêche AFP 20 avril 2015

Saisine de Hollande sur la loi renseignement: « Incompréhensible » pour Guaino

Le député UMP Henri Guaino a jugé « incompréhensible » et « tragicomique » l’annonce par François Hollande d’une saisine du Conseil constitutionnel sur le projet de loi Renseignement, assurant que c’était « se moquer du monde ».

Sur Radio Classique et LCI, celui qui fut conseiller spécial à l’Elysée sous Nicolas Sarkozy a estimé à propos de cette initiative annoncée la veille par le chef de l’Etat: « C’est se moquer du monde. Quand on est président de la République, on est le gardien des institutions, le grand protecteur de nos libertés ».

Quand le président Hollande « accepte que son gouvernement présente au parlement une loi de cette nature, c’est qu’il est absolument certain qu’elle ne viole pas les grands  principes, les libertés, la Constitution », a argumenté l’élu des Yvelines, pointant « quelque chose de tragicomique » dans l’initiative du chef de l’Etat, coupable à ses yeux d’une « petite astuce politicienne ».

« C’est incompréhensible », a insisté Henri Guaino. « Si vous présentez un texte, c’est que vous pensez qu’il est bon pour la France, qu’il protège les libertés et les grands principes, vous n’allez pas vous-même le déférer au Conseil » constitutionnel. « Ce sont ceux qui sont contre qui défèrent ».

Cependant, à ses yeux, « ce projet pose beaucoup de problèmes relatifs aux libertés, à l’intimité et à la vie privée ».

François Hollande a indiqué dimanche qu’il saisirait lui-même le Conseil constitutionnel à l’issue de l’adoption parlementaire du projet législatif visant à donner un cadre légal aux service de Renseignement pour mieux lutter contre le terrorisme. Le chef de l’Etat veut apporter la « garantie » que le texte sera bien « conforme », même si pour lui « cette loi ne remet en aucune façon en cause les libertés ».

Dans une déclaration à l’AFP, Corinne Narassiguin, porte-parole du PS regrette que M. Guaino soit « dans l’astuce politicienne tragicomique en polémiquant de la sorte ».

Regrettant sa « mauvaise foi », la responsable socialiste estime que « contrairement à ce qu’affirme (M. Guaino), le président est bien dans son rôle de gardien des institutions en s’engageant à rassurer pleinement les Français sur la constitutionnalité d’une telle loi. Les questionnements sur le bon équilibre entre sécurité des citoyens et de la nation et protection des libertés publiques sont légitimes dans une République démocratique. »