Macron/fonctionnaires: une « provocation » pour la gauche du PS
Les propos d’Emmanuel Macron sur le statut des fonctionnaires passaient très mal chez plusieurs responsables socialistes réunis samedi à la Mutualité à Paris pour un Conseil national du PS, certains estimant même qu’une telle « provocation » méritait une démission du gouvernement.
« On a fait partir Arnaud Montebourg pour moins que cela. Emmanuel Macron s’est un peu spécialisé dans des provocations consistant finalement à utiliser la rhétorique et des mots de la droite et les endosser comme un ministre supposé de gauche », s’est agacé devant la presse le député Laurent Baumel, de l’aile gauche du Parti socialiste.
« Emmanuel Macron, cela fait deux fois que l’exécutif est obligé de le recadrer, sur les 35 heures, puis maintenant sur le statut des fonctionnaires. Je me demande pourquoi on ne s’en sépare pas (…) Si ce qu’il dit n’est pas la ligne du gouvernement, il ne peut pas continuer tous les quatre matins à avoir des sorties de ce type et rester au gouvernement. Il faut une cohérence », a-t-il ajouté.
Le premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis, s’est efforcé d’évacuer le sujet, expliquant brièvement que « le président a mis les points sur les i, le ministre estime avoir été trahi, il n’y a pas de raison de polémiquer ».
« Le ministre de l’Économie a encore besoin d’apprendre que le off n’existe plus. Le président de la République a clos la polémique », a commenté également Corinne Narassiguin, porte-parole du PS.
« Je trouve qu’à quelques semaines des élections régionales, où l’on doit mobiliser notre électorat, où l’on doit réaffirmer nos valeurs de gauche, reprendre une fois de plus des propositions qui sont de droite, des mots qui sont de droite, eh bien, je pense que c’est irresponsable de la part du ministre de l’Économie », ne décolérait pas le député Yann Galut.
« La stratégie d’Emmanuel Macron est bien connue. Pour cacher les échecs et l’absence de résultats de sa politique, il se détourne de sa mission de ministre et il fait de la provocation permanente à gauche. Et à chaque fois, Hollande, Valls recadrent (le ministre). Mais où est l’autorité? », s’est agacée la sénatrice Marie-Noëlle Lienemann, également de l’aile gauche.
« Il est temps que Manuel Valls et François Hollande demandent à Macron de démissionner. C’est le cafouillage et le bazar », a-t-elle ajouté.
« Ça permet à Valls et à Cambadélis, à peu de frais, de paraître socialisto-compatibles. C’est toujours le même procédé. Il y a la provocation de Macron, le recadrage de l’exécutif et le sermon de Jean-Christophe Cambadélis. Et circulez, il n’y a rien à voir. C’est navrant et lassant », a grincé Emmanuel Maurel, de l’aile gauche.