Statistiques ethniques: Marine Le Pen préfère « les vrais chiffres de l’immigration »
Marine Le Pen (Front national) a accueilli lundi avec scepticisme la proposition de François Fillon de « faire sauter » le « tabou » des statistiques ethniques, estimant que « ce que l’on doit demander », ce sont « les vrais chiffres de l’immigration ».
« Le débat sur les statistiques ethniques a toujours été lancé pour préparer à la discrimination positive. On veut faire des statistiques ethniques pour pouvoir soi-disant réévaluer les politiques publiques au bénéfice de l’immigration », a déclaré la présidente du Front national sur France 2.
« Les statistiques ethniques, c’est quoi? C’est comme aux Etats-Unis, on marque sur votre carte d’identité +Noir+? Moi, j’avoue que cette racialisation en quelque sorte de la politique ne me va pas », a poursuivi Mme Le Pen. « Je n’ai pas envie que soient mis dans le même sac des Français d’Outre-mer par exemple, nos compatriotes, et des gens qui sont sur le territoire et qui viennent de pays étrangers, des Maliens ou autres. Je crois que ce n’est pas sain. »
« En revanche, ce que l’on doit demander, et ils ne l’ont pas fait, les UMP, lorsqu’ils étaient au pouvoir, c’est les vrais chiffres de l’immigration, les vrais chiffres du nombre des doubles nationaux dans notre pays », a-t-elle dit.
Dans un communiqué transmis à l’AFP, la secrétaire nationale du PS chargée des Outre-mer et députée de la Réunion Ericka Bareigts et la porte-parole du PS Corinne Narassiguin, ont réagi aux déclarations de la responsable FN, en dénonçant une « tentative grossière de dresser les Français ultra-marins contre les immigrés ».
« Encourager nos compatriotes ultra-marins à développer des sentiments racistes et xénophobes envers les immigrés et leurs enfants, c’est révélateur de la France que veut le Front national: hiérarchiser les discriminations, attiser les jalousies, nourrir les ressentiments, diviser pour mieux régner », disent les deux responsables PS.
« Marine Le Pen a un talent particulier pour enrober ses idées xénophobes dans l’apparat du bon sens. Attrapant la perche que lui a tendue François Fillon sur les statistiques ethniques, elle déplace le débat sur son terrain de prédilection, substituant sciemment la question de la lutte contre les discriminations par les questions d’immigration et de citoyenneté », poursuivent-elles.
L’ancien Premier ministre François Fillon (Les Républicains) a appelé à « faire sauter » le « tabou » qui empêche de connaître « la réalité du peuplement » de la France, dans un entretien au Journal du dimanche.
Les statistiques ethniques, qui permettent de connaître le nombre et les origines des étrangers ou des personnes d’origines étrangères résidant dans l’Hexagone, ne sont pas autorisées en France.