L’économie dirigiste est derrière nous

Tribune publiée dans L’Humanité dans le cadre d’un dossier en débat « Quelle politique industrielle pour l’emploi et le développement social ? »

Pendant dix années d’absence totale de politique industrielle sous la droite, la France a connu un délitement accéléré de son tissu industriel, provoquant licenciements de masse, perte de compétitivité internationale, aggravation des inégalités sociales et territoriales.

Depuis 2012, nous avons la lourde tâche de reconstruire l’industrie française, pour l’emploi et dans la justice sociale. Il s’agit de réinventer la politique industrielle. Le temps des faux espoirs de l’économie dirigiste est derrière nous, le défi à relever est celui d’une économie mondialisée, accélérée, trop financiarisée, et d’une Europe qui peine à retrouver son sens de la solidarité.

Depuis trois ans, nous agissons sur des leviers multiples pour dynamiser durablement l’économie française, en soutenant les entreprises, en créant des synergies selon les atouts et les besoins de chaque territoire : un État stratège, à la fois catalyseur et partenaire.

C’est pour cela que nous avons commencé par la création de la BPI, Banque publique d’investissement, pour financer les entreprises innovantes et l’aide à la réindustrialisation en mettant l’accent sur les PME et ETI, c’est-à-dire 
les entreprises les plus créatrices d’emplois en France.

En 2014, nous avons également renforcé le programme d’investissements d’avenir (PIA) grâce à une enveloppe complémentaire de 12 milliards d’euros.

Pour améliorer la compétitivité des entreprises françaises, nous avons mis en place le CICE, en 2013, et le pacte de responsabilité et de solidarité, en 2014. Si les retombées du CICE sont encore difficiles à chiffrer, les premières analyses montrent que les crédits d’impôt ont permis des augmentations de salaires et des prévisions en hausse significative d’investissements dans les secteurs industriels pour 2015. Le pacte a d’ores et déjà permis la signature d’accords de branche incluant investissements et créations d’emploi, mais sa réussite est encore fragile car si le gouvernement a pris ses responsabilités, les organisations patronales ne se montrent toujours pas à la hauteur de l’enjeu. Dès 2012, nous avons lancé la Nouvelle France industrielle, avec 34 plans permettant d’identifier et de coordonner les secteurs d’avenir. Après une première phase de mise en mouvement de tous les acteurs concernés, ces 34 plans ont été récemment consolidés en dix domaines centrés sur des marchés à fort potentiel, avec un accompagnement personnalisé des PME et ETI industrielles, un accompagnement financier, et 
2,5 milliards d’euros d’avantage fiscal sur cinq ans sous forme de suramortissement des investissements dans les équipements industriels.

N’oublions pas non plus la loi sur la transition énergétique, porteuse d’un nouveau modèle économique durable et créateur d’emplois de qualité. Mais la France ne peut réussir seule. Nous avons ainsi été à l’avant-garde pour que les socialistes européens exigent un grand plan d’investissements à l’échelle européenne, devenu le plan Juncker de 300 milliards d’euros. Pour assurer sa place dans l’économie mondiale, l’Europe doit pendre en charge sa propre relance par l’investissement, en soutenant et coordonnant des politiques transnationales qui sachent s’appuyer sur les atouts de chaque pays européen.

Une politique économique et industrielle ne peut être juste si elle ne prend pas en compte les besoins des salariés. La grande réforme sociale de ce quinquennat sera la création du compte personnel d’activité, regroupant droits de retraite avec pénibilité, formation tout au long de la vie et suivi personnalisé pendant les périodes de chômage. Sécuriser les parcours professionnels, c’est mettre la justice sociale en adéquation avec la réalité économique du XXIe siècle.