Le projet santé des Républicains : déréguler plus et protéger moins
Corinne Narassiguin, Porte-parole du Parti socialiste
Marc Mancel, secrétaire national à la Santé
À l’occasion de la présentation par Nicolas Sarkozy du projet du parti Les Républicains en matière de santé et de protection sociale, le président de l’opposition a affiché clairement la couleur – libérale – de son projet en affirmant : « l’assistance n’est pas un droit ».
En toute logique, la protection sociale de tous, et notamment des plus fragiles, est par conséquent la cible principale de la droite.
Qu’il s’agisse de l’abrogation du tiers-payant généralisé qui sera mis en place d’ici 2017 afin d’améliorer l’accès aux soins, ou de la promesse de démanteler l’aide médicale d’État que l’ancien chef de l’État assurait pourtant vouloir préserver en 2012, Bruno Le Maire et Nicolas Sarkozy sont cette fois à l’unisson dans leurs propositions.
Au-delà des attaques portées contre les plus fragiles, Nicolas Sarkozy et Les Républicains ne semblent avoir qu’une seule ambition pour le système de santé des Français : la dérégulation la plus complète. Parmi leurs propositions phares : rendre les hôpitaux autonomes et donc libres de choisir leurs spécialités comme leurs rémunérations, réduire l’accès aux urgences hospitalières, réduire les obligations liées à la mise en œuvre des normes d’accessibilité. Autant de mesures qui renforceront un peu plus la fracture territoriale de l’accès aux soins déjà trop grande dans notre pays. Et donc le sentiment d’exclusion d’une partie entière de la population.
Enfin, après avoir considérablement alourdi le coût de la protection sociale pour les patients au cours de son précédent quinquennat, Nicolas Sarkozy ne change pas de logique en promettant une nouvelle baisse du taux de prise en charge des médicaments par la Sécurité sociale de 76% à 73% et en annonçant un nouveau report de l’âge de départ en retraite. Pourtant, ni la réforme des retraites incomplète et injuste imposée en 2010, ni les franchises médicales instaurées en 2008, ni l’augmentation du forfait hospitalier, ni les déremboursements pratiqués sous le précédent quinquennat n’avaient permis de réduire les déficits du système de santé. Au contraire, la dette des hôpitaux comme le déficit de la Sécurité sociale s’étaient envolés, mais les renoncements et les reports de soins également !
Alors que le gouvernement œuvre depuis quatre ans à renforcer la protection sociale de l’ensemble des Français tout en rétablissant l’équilibre des comptes sociaux – via la généralisation de la complémentaire santé pour tous les salariés, l’instauration d’un départ anticipé à la retraite à 60 ans ou le renforcement des prestations pour les plus démunis – la droite affiche clairement son ambition de reprendre son entreprise de démantèlement au détriment du plus grand nombre, et notamment des plus fragiles.