Le PS tenté de convoquer un congrès pour dispenser Hollande d’une primaire
par Stéphanie LEROUGE
Le Conseil national du PS se réunit samedi pour plancher sur la primaire de toute la gauche, avec sur la table plusieurs options, dont la tenue d’une consultation restreinte au PS ou d’un congrès permettant d’en dispenser François Hollande.
Proposée en janvier par un collectif d’intellectuels et d’écologistes, l’idée d’une primaire de toute la gauche a fait long feu: après Jean-Luc Mélenchon, qui avait immédiatement refusé d’y participer, le PCF et EELV l’ont également écartée lors de leurs congrès début juin.
Mercredi, le premier secrétaire du PS Jean-Christophe Cambadélis a pourtant affirmé ne pas avoir renoncé totalement à cette possibilité, et même continuer à la préférer à toutes les autres.
Mais il en a mis plusieurs autres sur la table: une primaire du Parti socialiste, comme l’exigent théoriquement ses statuts, une « désignation » de son candidat, ou un congrès pour modifier ces statuts et dispenser François Hollande de participer à ladite primaire.
Chefs de file des motions B et D du congrès de Poitiers, en juin 2015, Christian Paul et Karine Berger défendent avec vigueur la première option.
« Notre position est inébranlable, on souhaite l’organisation d’une primaire », même limitée au PS, au PRG et à l’UDE, a martelé auprès de l’AFPla députée des Hautes-Alpes. Selon le député Jean-Marc Germain, proche de Martine Aubry, les aubrystes sont également sur cette ligne.
Mais « ce n’est pas la position a priori de la motion majoritaire » (motion A), selon la porte-parole du PS Corinne Narassiguin.
Proche du président de la République, l’avocat Jean-Pierre Mignard a pris la plume la semaine dernière pour expliquer sur son blog que « la question des primaires ne se pose pas pour un président qui sollicite un nouveau mandat ». Le Premier ministre Manuel Valls a pu exprimer une position similaire, même si parmi ses proches les positions divergent.
La solution qui tiendrait la corde serait donc celle d’un congrès, qui permette au PS de changer ses statuts. L’hypothèse a été mise sur la table mercredi soir lors d’une réunion de la commission d’organisation de la primaire créée en février au sein du PS, selon des participants.
– Une primaire qui fait ‘peur’ ? –
« Il y a une proposition de congrès pour septembre-octobre, même si l’objectif affiché sera sûrement une primaire de toute la gauche », a confirmé Corinne Narassiguin.
Cette éventualité a fait hurler les partisans de la primaire PS. « Si on ferme cela, le PS devient une secte, une secte repliée sur elle-même dont le seul objectif serait de s’arc-bouter dans la défense d’un président qui aujourd’hui est minoritaire dans son propre camp », a tempêté le député frondeur Pascal Cherki.
« Je n’imagine pas un instant qu’on puisse balayer d’un revers de main cette idée de primaire », « unanimement louée comme un progrès démocratique. On l’imite à droite. Et les socialistes français renonceraient ? Est-ce que François Hollande a peur de la primaire? », a dénoncé M. Paul sur LCP.
Lui-même candidat potentiel, l’ancien ministre de l’Économie Arnaud Montebourg a réaffirmé sur France Culture que la primaire « n’était pas optionnelle, ni juridiquement, ni politiquement. Juridiquement, l’affaire n’est pas tranchée parce qu’il y aura certainement des voies de recours qui seront exercées (…) Politiquement c’est une obligation ».
Saisi par trois militants qui demandaient à la justice de contraindre leur parti à organiser des primaires, le TGI de Paris les a déboutés mercredi. Mais les requérants n’excluent pas de faire appel, a indiqué à l’AFP l’un d’entre eux, Barnabé Louche.
S’il n’y a pas de primaire, « je suis libre et je ferai usage de ma liberté », a prévenu M. Montebourg, sous-entendant qu’il pourrait se dresser face au candidat du PS au premier tour de la présidentielle.
Selon la rue de Solférino, le Conseil national de samedi sera également l’occasion de parler des suites de l’avis de la Haute autorité éthique du PS sur la tentative de 26 députés PS de déposer une motion de censure contre leur propre gouvernement, le 11 mai.