Primaire de la gauche: Montebourg appelle la droite à voter, les hollandais ripostent
Arnaud Montebourg, qui se présente à la primaire organisée par le Parti socialiste, a « invité » jeudi les sympathisants de droite à voter lors de la primaire de la gauche en janvier, entraînant la saisine de la Haute autorité par trois proches de François Hollande.
L’ancien ministre et maire PS de Dijon François Rebsamen, le chef de file des sénateurs socialistes Didier Guillaume et son homologue à l’Assemblée Bruno Le Roux, ont saisi jeudi le président de la « haute autorité éthique » Thomas Clay, dans une lettre dont l’AFP a eu copie.
Invité de RTL jeudi matin, Arnaud Montebourg a convié « les Français à venir massivement ».
Quant aux électeurs de droite qui pourraient être tentés de faire barrage à une éventuelle candidature de François Hollande, « il y en a, j’en rencontre, je les invite à venir à la primaire, ceux qui le souhaitent, participer aux choix politiques de l’avenir du pays (…) à leur manière, et je leur propose de battre le président de la République avec ma candidature ».
Une déclaration qui a suscité la colère des proches de François Hollande, qui doit annoncer d’ici au 15 décembre s’il est candidat à la primaire pour tenter un deuxième mandat.
« Cette déclaration nous apparaît en totale contradiction avec les règles d’éthique et l’esprit qui doivent présider à l’organisation de ce scrutin », écrivent MM. Guillaume, Le Roux et Rebsamen, rappelant que les règles exigent « une campagne loyale » des candidats et des électeurs « une adhésion aux valeurs de gauche ».
Cette question du vote des sympathisants de l’autre bord avait déjà été brûlante lors de la campagne de la droite.
« Dis camarade @montebourg, héraut de la gauche, ça ne serait pas mieux d’appeler au rassemblement de la gauche par la primaire de la gauche ? », lui a lancé la porte-parole du PS Corinne Narassiguin sur Twitter.
Arnaud Montebourg a également fustigé jeudi matin le programme du candidat à la primaire de la droite François Fillon, « candidat de la défense des classes supérieures ».
« Le choix du candidat François Fillon est un choix de radicalité, comme dirait Alain Juppé il y a une forme de brutalité sociale dans les choix du candidat », a affirmé l’ancien ministre de l’Economie à l’antenne de RTL.
« C’est le candidat de la défense quasiment exclusive, presque idéologique des classes supérieures », a-t-il poursuivi à propos de l’ancien Premier ministre, arrivé nettement en tête (44,1%) du premier tour de la primaire de la droite devant le maire de Bordeaux Alain Juppé (28,6%).
« Avec 100 milliards de coupes budgétaires, vous allez achever l’économie (…) on va achever le malade (…) nous serons guéris mais dans la tombe », a-t-il poursuivi.
M. Montebourg a en revanche salué l’importante participation à droite « pour imposer un point de vue qui n’était pas celui des sondeurs ni des médias », a-t-il estimé.
« Il y avait le choix des éditorialistes, de ceux qui pensent bien, puis finalement la base a fait autre chose et c’est certainement ce qui va se passer dans la primaire de la gauche au mois de janvier », a-t-il estimé.