Le Hollande-bashing à gauche doit cesser, il nous fait du tort pour la présidentielle

Tribune publiée dans Le Huffington Post

Il y a trois choses sur lesquelles toute la gauche peut s’accorder, quelle que soit sa sensibilité:

1. François Fillon est le candidat de la droite la plus ultra de l’histoire de la droite française depuis la seconde guerre mondiale;

2. La gauche ne passera le premier tour de la présidentielle que rassemblée derrière un même candidat;

3. Il est temps de mettre fin au psychodrame médiatique et politique autour de la candidature –ou non– de François Hollande.

Attardons-nous sur ces deux dernières constatations.

D’abord, il y a l’évidente contradiction des candidats issus de la gauche qui s’autoproclament « le plus rassembleur » tout en refusant de faire la démonstration de leur capacité de rassemblement devant les électeurs dans la primaire de la gauche. Jean-Luc Mélenchon et Emmanuel Macron pour ne pas les citer.

Ensuite, il y a ceux qui représentent des partis politiques qui persistent à penser, comme au bon vieux temps où la qualification de la gauche au premier tour n’était jamais en doute, que l’élection présidentielle est une bonne manière de tester le poids électoral de leur parti. Ces candidats, comme Yannick Jadot qui avait pourtant, parmi les premiers, début 2016, appelé à une primaire de toutes les gauches, ou Sylvia Pinel dont le parti est toujours représenté au gouvernement, participent de fait à la fragmentation de la gauche de gouvernement tout en appelant à l’unité.

A ces quatre candidats, je renouvelle l’appel du Parti Socialiste et de la Belle Alliance Populaire à rejoindre la primaire de la gauche, seul moyen de créer une véritable dynamique de rassemblement de la gauche, face à l’indéniable dynamique ascendante créée par la réussite de la primaire de la droite et le score écrasant de François Fillon.

Enfin, pour que la primaire puisse être le succès mobilisateur dont la gauche a besoin, il faut que tous les candidats soient connus bien avant la date butoir du 15 décembre pour que la campagne puisse commencer.

C’est au Président de la République de donner sa décision, qui seule lui appartient, et qui doit dépendre exclusivement de l’intérêt de la France. C’est seulement s’il décide de ne pas être candidat qu’une candidature autre, en l’occurrence la plus évidente, celle de Manuel Valls, pourra s’imposer au courant majoritaire du Parti Socialiste.

Dans tous les cas, le Hollande-bashing à gauche doit cesser. Il doit même être renversé. Il nous a déjà fait suffisamment de tort, à toute la gauche, collectivement.

Certes, il y a eu des ratés, certes, sa façon d’incarner la Présidence est baroque dans la Ve République, lui le social-démocrate dans sa politique comme dans sa personnalité. Mais il faut bien admettre que ce Hollande-bashing a été démesuré au regard d’un bilan globalement positif pour le redressement de la France dans la solidarité, alors que le pays était au bord de la faillite en 2012, et au regard d’une personne intègre, qui a su prendre des décisions difficiles et faire face avec dignité et sang-froid à des événements terribles.

Le jour où nous dirons d’un Président qu’il n’a commis aucune erreur, qu’il a tout réussi, c’est le jour où nous saurons que la démocratie est morte. Mais la liberté d’expression, le droit de critiquer, de contester, ne peut pas conduire à remplacer le débat démocratique par le pugilat.

Ce Hollande-bashing, que le Président soit candidat ou non à sa succession, a endommagé toute la gauche en conduisant à sa fragmentation.

Quel-le que soit celui-celle qui emportera la primaire, il-elle sera porteur, aux yeux des Français, du bilan de François Hollande.

Et pour ceux qui sont en dehors de la primaire, s’ils persistent à le rester, ils ne pourront pas rassembler en divisant la gauche, en cherchant à s’essuyer les pieds sur François Hollande. Il n’y a aucune gloire à arriver premier des candidats éliminés, aucun avenir politique dans l’hypothétique reconstruction d’une gauche mise à terre par ses propres inconséquences dans une France où l’opposition serait conduite par Marine Le Pen. Ou par François Fillon.

Pour la réussite du rassemblement de la gauche, nous devons dépasser le stade un peu adolescent des règlements de compte individuels. Il est grand temps pour tous les candidats et leurs soutiens de faire preuve de maturité politique, de sens de l’intérêt général.

Faire le bilan oui, mais pour assumer tout ce qui a été réussi et dire ce qu’on a appris de ce qui ne l’a pas été. Et surtout, pour se rappeler que le clivage gauche–droite est plus saillant que jamais, que nos divergences bien trop exacerbées ne pèsent pas lourd comparées au solide socle de valeurs que nous partageons, au service d’un même idéal, celui de la réalisation d’une république sociale, écologique et fraternelle dans une Europe souveraine et solidaire.

J’appelle les Français qui se reconnaissent dans ces valeurs progressistes à participer massivement à la primaire de la gauche les 22 et 29 janvier, pour enclencher cette dynamique de rassemblement indispensable à la victoire.