Remaniement : jeune premier ministre mais vieux de coup de com sarkozyste

Ça ne nous avait pas manqué. Le retour d’une partie de la vieille garde des gouvernements Sarkozy a au moins le mérite de la clarification.

C’est désormais à droite toute, et sur le terrain de l’extrême-droite qu’Emmanuel Macron et son très fidèle Premier Ministre ont décidé d’ancrer ce nouveau gouvernement.

Après une loi immigration qui a fait basculer le macronisme dans l’indignité et tranche avec la tradition républicaine dont ils devaient être les garants, le signal envoyé par la constitution de cette nouvelle équipe gouvernementale est caractéristique sur tous les tableaux.

Idéologiquement d’abord : avec des personnalités opposées au mariage pour tous, rabougries et conservatrices sur les sujets de société, il y a beaucoup à craindre des futurs débats sur la fin de vie, voire même en ce qui concerne l’aboutissement de l’inscription de l’IVG dans la constitution.

Après une rentrée sur l’abaya, le nouveau premier ministre, soit-disant issu de la gauche a choisi un premier déplacement dans un commissariat pour réaffirmer l’autorité de l’Etat. En réalité il devait surtout réaffirmer sa récente autorité sur son ministre de l’Intérieur…

Stratégiquement ensuite : cette équipe resserrée s’appuie avant tout sur des « deals ». Petits arrangements entre amis, pour la mairie de Paris, pour les européennes,… Ce ne sont pas les compétences ni la cohérence de ligne qui ont primées, mais bien les copinages et la défense des postes.

Pour cela, ils ont été prêts à supprimer toute femme des postes régaliens, et à fondre l’Éducation, soit-disant priorité des priorités dans un supra-ministère avec les sports et les Jeux Olympiques et Paralympiques. Pourtant on ne peut pas dire que le travail va manquer en cette année 2024 sur tous ces sujets !

Au passage, la jambe gauche a été amputée nette. Les quelques têtes qui avaient osé critiquer le chef sur la loi immigration ont été coupées, pas d’humanistes, ça fait désordre.

Enfin, comme d’habitude, c’est la com, le coup politique qui ont prévalus : la prise de guerre Dati fait le bonheur des journalistes et des commentateurs politiques, on s’attend à des bons mots, et à du « off » en pagaille.

La volonté de communiquer à tout prix sur un resserrement du gouvernement l’a emporté également sur la nécessité absolue, en cette période, de nommer des ministres du logement ou de la ville de plein exercice, un symbole terrible et un contre-sens tant ces sujets sont essentiels aux yeux des Françaises et de Français.

Ultime signe des temps, l’énergie semble devoir être absorbée par le ministère de l’économie et non plus sous la tutelle de la transition écologique, comme si ce n’était pas l’enjeu du siècle…

Pendant ce temps plusieurs SDF sont morts en ce froid début d’année, sous l’autorité de ce Président élu depuis presque 7 ans, et qui en 2017 avait annoncé que plus personne ne dormirait dans la rue avant la fin de l’année.

Pendant ce temps l’hébergement d’urgence est saturé.

Pendant ce temps, les étudiantes et les étudiants font la queue pour un repas chaud et les restos du cœur n’ont même plus les moyens de faire face.

Pendant ce temps des migrantes et migrants meurent dans les Alpes et en Méditerranée.

Pendant ce temps le RN monte monte monte, et nous regardons la République brûler.