Tribune publiée dans Le Huffington Post
Madame Le Pen,
Mardi 8 décembre au soir sur TF1 je vous ai entendu dire sans vergogne aucune : « L’entre-deux tours est salutaire, il en dit long sur la classe politique française, sur ce qu’ils sont capables de faire, des éructations, des outrances, des changements radicaux de positionnement politiques pour conserver leur place ».
J’ai alors pensé, ou votre cynisme est sans limite, ou vous n’avez aucun sens de l’ironie lorsqu’il s’agit de votre personne. Je penche fortement pour la première explication, car je n’insulterai pas votre intelligence en laissant entendre que vous ne savez pas exactement qui et ce que vous êtes.
Vous êtes un des exemples les plus frappants de ce que la classe politique française produit de pire. Je dis un des exemples car votre nièce est en passe de vous disputer la première place.
Vous êtes la riche héritière d’une PME familiale dont le seul objet depuis 30 ans est la conquête du pouvoir politique, par n’importe quel moyen.
Vous êtes née et avez grandi dans le privilège, n’avez connu que les beaux quartiers et la promesse d’un grand destin tout tracé. Vous êtes certes avocate sur le papier, mais combien de temps avez vous vraiment exercé ce métier ? Combien d’annuités cotisées ?
En bonne apparatchik du système politique français, vous cumulez les mandats d’élue depuis près de 20 ans après vous être parachutée dans une région que vous n’avez toujours pas pris la peine de réellement connaître.
Vous percevez sans sourciller les indemnités de députée européenne alors que votre mépris pour cette fonction et l’institution qu’elle représente se traduit par un absentéisme notoire.
Personne y compris dans votre parti ne croit un seul instant que vous comptez vraiment investir votre énergie au service de la région que vous voulez présider, car tout le monde sait que la seule ambition qui vous obsède est celle de vous installer à l’Elysée.
Je n’ai aucun état d’âme à vous interpeller ainsi, car contrairement à vous je ne vis pas de la politique. Ma fonction de porte-parole du Parti socialiste est une activité bénévole, comme pour tout simple militant.
Je suis ingénieure et j’ai bâti une véritable carrière professionnelle effectuée essentiellement dans le secteur privé. Je viens de l’outre-mer, des régions où le FN fait ses plus mauvais scores, sans doute parce que les ultra-marins savent ce que veut dire construire pierre par pierre le vivre ensemble dans les valeurs de la République française. Je suis issue de la classe moyenne, et tout ce que j’ai, je l’ai acquis par le travail et le mérite. J’ai été voir ailleurs, aux Etats-Unis où j’ai longtemps travaillé et où j’ai appris ce qu’est un parcours d’immigration et d’intégration, où j’ai pu apprécier par comparaison la grandeur des valeurs universelles que porte la République française, l’importance essentielle de son modèle de société et de son contrat social. C’est d’ailleurs cet attachement continu à la France qui m’a incitée, depuis l’étranger, à m’engager il y a plus de 15 ans en tant que militante politique et associative au service des Français.
Depuis 3 ans, je suis de retour en France et j’écoute votre musique de la peur et du rejet. Je me bats contre tout ce que vous représentez car j’aime profondément la France. Même si je suis aussi critique sur la représentativité des partis politiques, y compris du mien, je ne peux accepter de vous voir endosser la veste de l’exemplarité.
Je prends la plume aussi pour défendre les nombreux élus au parlement et dans les territoires qui travaillent aux services des Français, et pas via des élucubrations sous les projecteurs TV.
Cessez donc de faire croire que vous partagez la souffrance des Français, que vous savez ce que veut dire vivre de son dur labeur et mériter plutôt qu’hériter, que vous savez faire autre chose que de la basse politique politicienne.
Vous dirigez un parti qui n’hésite jamais à promettre tout et son contraire selon la population à laquelle vous vous adressez: un discours pour le nord de la France, un autre pour le sud et encore un autre pour l’est. La seule constante de vos discours est la manipulation des peurs et des colères, l’appel aux plus vils instincts de la nature humaine.
Vous y excellez car vous connaissez tous les codes de la vie politique dans laquelle vous baignez depuis toujours.
Avec le parti dont je porte la parole, je me battrai jusqu’au bout contre votre imposture.