Question sur l’apprentissage du français hors agglomération

France-Amérique propose à ses lecteurs de poser des questions aux candidat-e-s à l’élection législative de juin 2012. Voici la cinquième, une question sur l’apprentissage du français hors agglomération, avec la réponse de Corinne.

Question de Marianne :

Comment comptez-vous soutenir l’apprentissage du français chez les enfants de familles francophones installées en dehors des grandes villes et qui n’ont pas d’établissements franco-américains à proximité ?

Réponse de Corinne Narassiguin :

Je vous remercie de rappeler la difficulté qu’éprouvent de nombreuses familles des États-Unis à avoir accès à une éducation en français, en particulier en dehors des plus grandes villes.

L’éducation est la priorité des Français. Elle doit aussi être une priorité de l’action consulaire pour faciliter le développement de solutions adaptées à la diversité des communautés françaises.

La mobilisation des parents vivant aux États-Unis a pu générer un mouvement novateur qui a abouti, avec l’aide des autorités françaises, à des offres éducatives diversifiées. Plusieurs exemples remarquables doivent être une inspiration :

– la création de classes bilingues dans des écoles publiques américaines, comme cela existe à Miami, dans le comté de Broward ou à New York. En Floride par exemple, plus particulièrement dans le comté de Miami-Dade, des classes bilingues publiques homologuées sont accessibles aux enfants français grâce à des accords entre la France et l’État de Floride et entre la France et le comté.

– Dans quinze villes des Etats-Unis, je salue la création, le plus souvent récente, de programmes FLAM (Francais Langue Maternelle). Ces associations de parents permettent à des enfants francophones scolarisés en anglais d’accèder à un enseignement en français en cours extrascolaires (en «after-school» ou le samedi). Elles peuvent bénéficier d’une subvention du gouvernement français et permettent de développer une réponse adaptable meme à des communautés francophones de taille limitée. Certaines initiatives peuvent meme déboucher sur la création de nouvelles écoles bilingues publiques ou privées.

– l’ouverture de crèches francophones d’initiative parentale ou encore de centres aérés francophones durant les vacances scolaires en s’appuyant sur des structures et écoles existantes sur le modèle de ce que fait avec succès, mais à une plus petite échelle, la fondation «French Heritage» en collaboration avec les services culturels de l’Ambassade de France. Une collaboration avec des partenaires québécois pourrait être envisagée pour des colonies de vacances adaptées aux enfants du primaire et du secondaire.

– la création de classes d’immersion comme cela existe dans une quarantaine de villes moyennes, par exemple dans le Massachussets, le Missouri, le Maryland, le Wisconsin, l’Oregon, l’Ohio, le Minnesota, la Californie, le Maine, en Lousiane, et en Virginie.

Pour ce faire, il est possible d’utiliser les outils du Centre National de l’Enseignement à Distance (CNED) qui permet d’organiser une scolarisation à distance sur la base de contenus pédagogiques français.

Ces initiatives ont besoin de soutiens et de relais. C’est pourquoi, si je suis élue, je m’engagerai pour qu’elles puissent bénéficier d’un soutien institutionnel fort de la part de l’État pour assurer leur développement et leur pérennité. Je propose de mettre en place dans chaque consulat une cellule de soutien opérationnel aux nouvelles structures d’enseignement (coordination pédagogique, aide à la gestion, au recrutement, à la formation, support légal).

Certaines mesures pourraient facilement être mises en place à court terme, parfois sans coût supplémentaire. Par exemple, les autorités françaises pourraient utiliser les informations de la liste consulaire (dont les adresses email et les codes postaux) pour informer les familles des offres éducatives qui sont disponibles dans leur région et dans leur ville, et pour soutenir la création de nouvelles offres par une mobilisation de la communauté française autour de projets.

De tels mandats devront faire partie des contrats d’objectifs des consuls généraux et de l’ambassadeur de France aux États-Unis.
Je propose également que la France encourage l’établissement d’un réseau entre les écoles homologuées, les écoles accueillant des classes bilingues, et les programmes FLAM afin de faciliter la mise en commun de ressources, de formations tout en facilitant le passage des enfants des familles françaises d’un type d’éducation à l’autre au sein du dispositif global, en particulier lorsque les familles déménagent d’une région à l’autre.

Je souhaite ainsi pouvoir apporter une réponse à la diversité des besoins et des situations, quelle que soit la région de résidence de nos compatriotes installés aux Etats-Unis.