Tribune publiée dans Le Plus L’Obs
J’ai découvert il y a deux semaines la liste officielle des candidats dans la première circonscription des Français de l’étranger. Dix-huit (!) candidats espèrent représenter les résidents français du Canada et des Etats-Unis, que la dizaine de candidats de droite considèraient encore comme acquis la semaine dernière.
Une circonscription démesurée
Il y a deux semaines, la campagne commençait à peine pour la plupart des candidats, alors que je parcours la circonscription depuis plus d’un an et demi : j’ai déjà rencontré des milliers de Français.
J’ai fait le choix, dès le départ, de présenter une candidature de proximité. Une tâche titanesque vu la taille continentale de la circonscription ! Près de vingt millions de kilomètres carrés, 40 fois la France ! Mais pour moi, c’était une nécessité pour appréhender sérieusement la réalité et la diversité des Français qui vivent au Canada et aux États-Unis.
À l’évidence, une campagne de proximité est d’abord portée par un réseau de bénévoles et de relais locaux, issus des organisations de gauche mais aussi des associations qui réunissent et qui servent, au quotidien, la communauté française présente sur tout le territoire. Impliquée socialement et politiquement depuis plusieurs années, j’ai pu construire une équipe nombreuse, diverse et motivée, présente partout, dans les plus grandes villes comme dans les plus petites, dans les plus à gauche comme dans les plus à droite, aux États-Unis comme au Canada.
Alors que certains candidats se déplacent avec un assistant salarié qui ne connaît pas les lieux, j’apprécie quant à moi l’accueil et l’aide des sympathisants locaux, toujours présents, impliqués dans leurs communautés, et qui connaissent la réalité des Français du coin sur le bout des doigts.
Un défi majeur a consisté à organiser mon équipe de campagne, composée de plusieurs dizaines de personnes dispersées sur tout le continent, de San Diego à Montréal : comment travailler ensemble malgré la distance et les fuseaux horaires? Internet – emails, Skype – c’est bien, mais ce n’est pas suffisant.
Internet est le seul moyen de toucher l’ensemble des électeurs, et surtout ceux qui habitent loin des principales agglomérations. Pour cette raison, en plus de mon site web lancé il y a plus d’un an, j’organise des discussions publiques sur internet très régulièrement. Les participants peuvent directement me poser leurs questions, par le chat ou directement au micro, et j’y réponds sur le champ. Ce que j’appelle de la proximité, et je compte bien continuer une fois élue !
Des électeurs français difficiles à trouver
Le rassemblement autour de ma candidature a été très tôt une de mes priorités, politiquement mais aussi stratégiquement, dans une circonscription classée à droite. Mais pour rassembler, il faut avoir identifié les bons interlocuteurs, et ce n’est pas évident en raison de la dispersion des électeurs et – paradoxalement – de leur intégration à la société nord-américaine. Aux Etats-Unis ou au Canada, les Français ne vivent pas en communauté, et les organisations politiques sont bien moins visibles que dans une circonscription nationale.
Le dénominateur commun, c’est souvent le consulat ! Veiller à s’appuyer sur des réseaux qui permettent de toucher un maximum de personnes est donc essentiel. Cyrille Giraud a accepté de m’accompagner en devenant mon suppléant, m’apportant l’étiquette Europe Ecologie – les Verts (EELV) et son expérience de militant très investi à Montréal. Car, ne l’oublions pas, la circonscription recouvre deux pays et plusieurs régions distinctes qui demandent souvent des approches différentes.
La campagne sur Internet ne me semble pas suffisante pour être un candidat – et un futur élu ! J’ai choisi d’aller à la rencontre de mes électeurs : trouver les Français constitue parfois un défi, et cela représente un investissement important. Les personnes qui assistent aux réunions sont – bien plus souvent qu’en France – dans une démarche de questionnement ouvert. Quand c’est possible, ils vont rencontrer plusieurs candidats et demandent à être convaincus.
On est loin des meetings devant des publics conquis d’avance. Parfois, les réunions ont lieu en petits comités, et les échanges sont naturels. Des problèmes personnels, on passe rapidement à des questions de fonds (qu’attendre de l’Etat français quand on a quitté le pays ?) et même à la politique « locale » !
Pourquoi tout cela ? Je veux mettre à l’oeuvre ma méthode : le terrain et la proximité avec les électeurs, malgré les kilomètres ou les miles.