Tribune publiée dans Le Huffington Post
Nicolas Sarkozy a tenté de répondre jeudi soir au discours de François Hollande sur « la démocratie face au terrorisme ». Ce qui est inquiétant dans cette campagne de primaire de la droite, c’est l’escalade dans le sarkozysme de Nicolas Sarkozy, et le succès de cette stratégie de l’outrance qui semble se propager comme une maladie hautement contagieuse chez tous leurs candidats masculins. On attend encore de savoir ce que Nathalie Kosciusko-Morizet a à dire maintenant qu’elle peut parler d’autre chose que de sa chasse aux parrainages.
On connaissait déjà la tendance de l’ancien Président de la République à confondre autorité et virilité, et à assimiler virilité à leadership. Sur la forme, on n’est donc pas surpris de sa formule sur « le Président de l’impuissance ». Qui plus est le jour du lancement de la campagne nationale contre le sexisme, il est désolant mais tristement banal de penser aux rires gras qu’il souhaitait provoquer en choisissant cette tournure de phrase.
Le vrai danger vient d’un problème de fond. Faire du respect de l’Etat de droit une faiblesse qui compromettrait la sécurité des citoyens, c’est piétiner l’essence même de la République démocratique qu’est la France en prétendant vouloir la sauver.
Prôner des droits fondamentaux à géométrie variable, vouloir un Etat d’exception qui varie constamment en réaction à des menaces réelles ou supposées, voilà la vraie faiblesse, celle qui consiste à redéfinir constamment la République et la démocratie en fonction de ce que les ennemis de la République et de la démocratie veulent nous imposer par la terreur.
Faire croire que basculer dans le tout-sécuritaire est ce qui permettra de lutter durablement contre le terrorisme et la radicalisation islamiste est une propagande aussi simpliste que dangereuse. Cette posture du grand chef protecteur est une imposture.
Et c’est là où, sans doute, le problème de forme rejoint le problème de fond. De cette conception du pouvoir efficace comme nécessairement agressivement viril, découle une politique essentiellement prohibitive et punitive, créatrice de tensions, de méfiance et de repli sur soi. C’est nous conduire vers une société minée par le délitement inéluctable du lien social, ce qui favorise le développement de tous les extrémismes.
On peut comprendre à quelle point cette notion va à l’encontre de tous les instincts de Nicolas Sarkozy. Pourtant, pour construire une République démocratique forte, le vrai pouvoir est le soft power : l’éducation, la culture, le respect de l’autre par la lutte contre les discriminations, l’égalité réelle, la sécurité dans le respect des libertés fondamentales, l’art du compromis.
Face à ces positions diamétralement opposées de François Hollande et Nicolas Sarkozy sur des sujets aussi essentiels que la nature de la démocratie, la définition des principes fondamentaux de la République, la conception du pouvoir, il faudra être de très mauvaise foi pour affirmer qu’il n’y a pas de différence d’importance entre la gauche actuellement en responsabilité et la droite qui aspire à y revenir.