Mariage gay: nous nous mobilisons à l’Assemblée contre la politique d’usure de la droite

Tribune publiée dans Le Plus L’Obs

C’est à coup de rappels au règlement et de suspensions de séance que les députés UMP tentent, depuis mardi, de faire traîner le débat sur le sur le projet de loi ouvrant le mariage et l’adoption pour les couples de même sexe. L’UMP s’essaye à une véritable politique d’obstruction, après 10 ans en tant que parti majoritaire.

Alliance civile, union civile… l’opposition a d’abord voulu catégoriser les homosexuels en proposant une sorte de super-PACS conçu spécialement. Tous égaux, mais certains plus que d’autres… Pourtant, samedi matin, l’article 1 du projet de loi a été adopté par 249 contre 97, soulignant une forte mobilisation des rangs de la majorité présidentielle. L’article 143 du code civil prévoit désormais que « le mariage est contracté par deux personnes de sexe différent ou de même sexe ». Bien sûr le Sénat fera aussi son travail, mais c’est un premier pas vers l’égalité, un moment historique, dont il faut s’enorgueillir !

Ambiance tendue mais attendue

Symptomatique du dépôt de plus de 5000 amendements dont la plupart sont identiques, les députés UMP se sont notamment succédés pour défendre 98 fois une clause de conscience pour les maires, cautionnant ainsi qu’un officier d’état civil puisse ignorer la loi et laissant la porte ouverte à des discriminations qui ne disent pas leur nom.

Les références à la loi naturelle, à la toute-puissance du biologique, à une unique famille traditionnelle rêvée, ponctuent les argumentations, fermant les yeux sur les nombreuses familles homoparentales, mais aussi les familles monoparentales ou recomposées, et dénigrant par le même effet la diversité des modèles familiaux qui compose la société française.

Au-delà de la gesticulation, c’est une vision conservatrice et passéiste de la société que l’UMP défend, sur fond de discriminations latentes. Invoquer le principe de précaution pour refuser l’ouverture du droit d’adoption aux couples homosexuels mariés est une violence assénée à tous les parents homosexuels et à leurs enfants. En s’érigeant en grands défenseurs des enfants, l’UMP refuse à ces mêmes enfants la pleine protection juridique.

C’est aussi à coups de PMA et de GPA que les députés rythment le (faux) débat.

À court d’arguments, la circulaire sur la délivrance d’un certificat de nationalité aux enfants français nés par gestation pour autrui (GPA) a servi de bouc émissaire à toutes les confusions. Et continue encore. Cette technique de diversion a seulement pour but de faire un amalgame douteux entre homosexualité et GPA. Or, aujourd’hui, ce sont principalement des couples hétérosexuels qui ont recours à la GPA. De plus, la circulaire du 25 janvier 2013, qui a pour but de protéger les enfants nés d’un parent français, ne légalise en rien le recours aux mères porteuses. Les références répétitives au clonage sont également du plus mauvais goût.

Une stratégie d’évitement 

Aucun excès n’est épargné.

Les amendements de l’extrême droite proposant de légaliser la polygamie, d’autoriser le mariage des mineurs ou les mariages incestueux ont participé à polluer le débat. Et il est également important de souligner que plusieurs amendements cosignés par l’UMP et le FN ont été déposés. Après avoir marché ensemble dans les rues, une bonne frange du parti a répété en cœur des exposés des motifs similaires.

Si les Français attendaient un débat parlementaire franc et néanmoins de qualité, c’est malheureusement une tactique de contournement qui a été choisie par l’opposition. Un véritable dialogue de sourds s’est installé, qui oblige à répéter inlassablement les mêmes arguments. Contre cette stratégie d’obstruction, la majorité a choisi de calmer les esprits, d’éviter de répondre à tout va, afin de ne pas jouer la surenchère. Les tweets n’en sont que plus spontanés !

Les socialistes avaient plusieurs fois formulé le vœu d’un débat dépassant les clivages politiques. C’est tout le contraire. À l’exception de Franck Riester, Benoit Apparu, Yves Jégo, Jean-Christophe Lagarde et de Jean-Louis Borloo, tous ont exprimé leur intention de voter contre cette loi, à quelques indécis près.

En face, ce n’est pas une majorité hésitante qui s’exprime en ce moment à l’Assemblée nationale, mais bien des représentants de la Nation sereins et convaincus que l’égalité est un vecteur de progrès pour la société dans son ensemble.

Pendant ce temps, un à un, la majorité rejette les amendements de l’opposition. Sous les protestations de l’opposition, le débat a continué toute la nuit de dimanche à lundi sur les articles relatifs à l’adoption. Et là, nous n’avons pas eu peur d’invoquer le droit de l’enfant, celui de voir ses deux parents reconnus !