Question sur le rôle des députés

France-Amérique propose à ses lecteurs de poser des questions aux candidat-e-s à l’élection législative de juin 2012. Voici plusieurs questions sur le rôle des députés, avec la réponse de Corinne.

Question de Jean de Dallas : Pensez-vous que ce poste de député requiert davantage de connaissances des rouages de l’Assemblée nationale, ou des problèmes quotidiens des expatriés d’Amérique du Nord ?

Question d’Antoine, 38 ans, New York« Quel est le rôle du député, par rapport à celui de l’Assemblée des Français de l’Etranger,  celui des sénateurs de l’étranger et celui du consulat ? »

Réponse de Corinne Narassiguin :

Merci Jean pour votre question, qui revient souvent lors de mes discussions avec nos compatriotes à travers la circonscription. On me demande souvent à quoi notre député va servir, et quelle part sera faite entre les questions nationales et les questions locales, spécifiques au Canada et aux Etats-Unis.

La nécessité d’avoir un député élu par les Français d’Amérique du Nord

Présentement, nous, Français vivant hors du territoire national, ne disposons pas de la même représentation politique que nos compatriotes en métropole et outre-mer. Nos représentants « locaux », les conseillers élus à l’Assemblée des Français de l’Etranger (AFE), dont je fais partie (j’y représente les Français de la côte est américaine), n’ont pas de pouvoir décisionnel : l’AFE est un organe consultatif auprès du Ministère des Affaires Etrangères (MAE). Et on l’a vu récemment, le MAE n’hésite pas, malheureusement, à ignorer nos avis… voire à nous court-circuiter complètement. Nos seuls représentants « nationaux » siègent au Sénat, en la personne des douze sénateurs représentant les Français établis hors de France. Malgré leur travail législatif intense, les propositions relatives aux Français de l’étranger disparaissent souvent à l’Assemblée nationale, où il n’y a personne pour les défendre. Il est donc primordial de pallier le déficit de représentation et d’avoir des député-e-s issu-e-s de nos communautés qui puissent former équipe avec nos sénateurs et ainsi assurer notre représentation à tous les stades du processus législatif national. Le contingent des onze députés des circonscriptions hors de France agira comme porte-voix de nos compatriotes autour du monde, afin d’assurer le continuum de la citoyenneté à l’étranger.

Le député est, avant tout, un représentant de la Nation

Tel que je le conçois, le député n’est pas un super élu local : c’est, avant tout, un élu de la Nation, qui représente toute la population française, et qui doit faire son travail législatif à l’Assemblée nationale – et pas dans les cocktails consulaires. Le député est un législateur et, à ce titre, il doit proposer des lois (nationales) et contrôler l’exécutif. Je suis membre du Parti socialiste, et ma candidature est soutenue par Europe Ecologie Les Verts : grâce au soutien de ces deux grands partis nationaux, je serai une élue efficace à l’Assemblée Nationale, qui saura agir et naviguer dans les rouages institutionnels de la députation, sans compromettre mon indépendance intellectuelle et décisionnelle. Je ne serai pas isolée et pantouflarde, mais connectée à la réalité de terrain et engagée dans les débats pour effectuer ce travail législatif.

La particularité des députés représentant les Français de l’étranger

Notre futur député(e) devra évidemment comprendre et être capable de défendre les sujets qui concernent les Français d’Amérique du Nord, et également apporter leur perspective sur tous les sujets nationaux. Si je suis élue par les Français établis en Amérique du Nord, je m’engage à être une force de proposition législative pour améliorer la vie de nos concitoyens à l’étranger, et défendre à l’échelle nationale les problématiques locales. C’est pourquoi je suis convaincue que mon vécu intime et personnel de ce qu’être « Française de l’étranger » et mon excellente connaissance de l’ensemble de la circonscription, seront un atout dont peu de candidats peuvent se prévaloir.

Enfin, je me présente aussi à cette élection car je crois fermement que ce futur député doit avoir la responsabilité, importante, d’injecter un regard nouveau sur le travail législatif national. Grâce à nos expériences dans nos pays respectifs, nous pouvons proposer des perspectives nouvelles et des solutions inspirées par ce qui se fait en Amérique du Nord et ailleurs, et adaptées au contexte français.

Trouver un équilibre entre l’Assemblée et la circonscription

Bien entendu je compte exercer la fonction de député à temps plein, sans cumul de mandats et sans activité professionnelle annexe. D’un point de vue logistique, le défi principal sera de trouver le bon équilibre entre le temps passé à Paris et le temps passé aux Etats-Unis et au Canada. A cette fin, je compte continuer à parcourir la circonscription pour aller à la rencontre de tous nos concitoyens. En complément, je compte utiliser les technologies en ligne pour maintenir le contact permanent avec les citoyens de la circonscription et toutes les personnes en responsabilité dans les réseaux et organismes français de la circonscription. Je continuerai à organiser des réunions publiques et séminaires sur internet, et tiendrai des permanences virtuelles, qui tiendront compte des décalages horaires. En plus du bureau à Paris pour le travail législatif tout au long de l’année, si la logistique parlementaire le permet (incertaine en terme de moyens à l’heure qu’il est), je souhaite ouvrir au moins un local de représentation dans la circonscription et embaucher au moins un collaborateur sur place pour coordonner le travail local.

Voici la combinaison de devoir et de responsabilités que je vous propose et j’en suis persuadée, c’est la formule gagnante !